Acteurs de la sécurité au travail en suisse : Suva, SECO, CFST/EKAS et inspections cantonales
30/08/2025Table des matières
Quand l’appel à des spécialistes MSST est obligatoire
En Suisse, tout employeur est responsable de la sécurité et de la santé de ses collaborateurs. La directive CFST 6508 précise qu’un recours à des spécialistes externes devient obligatoire lorsque les risques dépassent les compétences internes de l’entreprise.
Cas où un médecin du travail est requis en Suisse
Un médecin du travail intervient dès qu’il existe des expositions pouvant avoir un impact sur la santé à long terme :
- bruit ou vibrations supérieurs aux valeurs limites,
- manipulation de solvants, poussières, fumées ou agents biologiques,
- postes de travail exposés à des horaires atypiques ou à une forte charge mentale,
- cas fréquents de troubles musculo-squelettiques (TMS) ou d’absentéisme élevé.
Il assure le suivi médical adapté, conseille l’employeur et propose des mesures correctives en matière d’ergonomie, d’organisation ou de protection individuelle.
Situations qui imposent un spécialiste sécurité selon la directive CFST 6508
Le recours à un spécialiste sécurité est exigé lorsque l’entreprise présente des dangers techniques ou organisationnels majeurs :
- utilisation de machines dangereuses (presses, scies, équipements sous pression),
- travaux en hauteur ou en espaces confinés,
- risque d’incendie, explosion (ATEX) ou fuite de gaz,
- manipulation de produits chimiques dangereux,
- travaux électriques ou opérations de maintenance nécessitant une consignation (LOTO).
Ces spécialistes aident à évaluer les risques, rédiger les procédures critiques et former le personnel.
Risques fréquents en PME : chimie, machines, RPS, ergonomie
Même les PME tertiaires ou artisanales peuvent être concernées. Les dangers les plus courants sont :
- l’usage de produits de nettoyage chimiques sans protections adaptées,
- les machines d’atelier non sécurisées,
- le stress organisationnel et les risques psychosociaux (RPS),
- les troubles liés à l’ergonomie des postes.
Dans ces cas, l’appui d’un médecin du travail ou d’un spécialiste sécurité n’est pas seulement une contrainte : c’est un investissement pour éviter accidents, maladies professionnelles et arrêts coûteux.
Le rôle du médecin du travail dans le MSST
Le médecin du travail occupe une place centrale dans le système MSST. Son rôle dépasse largement la simple délivrance d’un certificat médical : il contribue à bâtir une stratégie de prévention santé durable au travail , adaptée aux risques spécifiques de l’entreprise.
Prévention santé et suivi médical des travailleurs
Le médecin du travail évalue l’impact des conditions de travail sur la santé des collaborateurs. Il définit les mesures de prévention et propose un suivi adapté en cas de risques spécifiques. Cela inclut :
- bilans médicaux périodiques pour les postes exposés ;
- conseils sur l’adaptation des horaires, pauses et rythmes de travail ;
- accompagnement du retour après un accident ou une maladie professionnelle.
Gestion des risques psychosociaux (RPS) et troubles musculo-squelettiques (TMS)
Les RPS (stress chronique, épuisement professionnel, burnout) et les TMS (douleurs dorsales, tendinites, cervicalgies) sont parmi les problèmes les plus fréquents en Suisse.
Le médecin du travail aide à :
- identifier les facteurs organisationnels à risque,
- proposer des mesures pour réduire la charge mentale,
- sensibiliser la direction et les collaborateurs à la prévention active.
Ergonomie et amélioration des postes de travail
Une partie essentielle du rôle du médecin du travail est d’analyser l’ergonomie des postes :
- réglage des sièges, écrans et postes informatiques,
- optimisation des gestes répétitifs,
- recommandations pour limiter la fatigue physique.
Ces actions contribuent à réduire l’absentéisme et à améliorer la productivité.
Suivi des expositions professionnelles (bruit, solvants, poussières)
Le médecin du travail est également garant du suivi des expositions professionnelles :
- bruit et vibrations ;
- solvants et poussières fines ;
- fumées, gaz, agents infectieux ;
- rayonnements ou substances toxiques.
Il définit les protocoles de surveillance médicale adaptés, recommande des protections collectives ou individuelles, et alerte la direction si les limites légales sont dépassées.
Le rôle du spécialiste sécurité dans le MSST
Le spécialiste sécurité, reconnu selon la directive CFST 6508, apporte une expertise technique indispensable pour prévenir les accidents graves et maîtriser les situations à risques. Il agit en complément du médecin du travail, avec une approche axée sur les machines, procédés et environnements de travail.
Analyse technique des risques machines et équipements
Le spécialiste sécurité réalise des analyses détaillées des postes et équipements :
- conformité des machines (carters, arrêts d’urgence, protections collectives),
- vérification des dispositifs de verrouillage,
- étude des flux de circulation (piétons / engins).
Son rôle est d’anticiper les accidents potentiels et de proposer des mesures correctives concrètes.
Prévention incendie, explosion et produits chimiques
Certaines activités comportent des dangers spécifiques nécessitant une expertise avancée :
- risques incendie liés aux équipements électriques, au stockage de liquides inflammables ou aux ateliers de soudure ;
- risques d’explosion (ATEX) dans les environnements poussiéreux ou manipulant des gaz ;
- gestion des produits chimiques dangereux : fiches de données de sécurité (FDS), stockage, étiquetage, équipements de protection adaptés.
Le spécialiste définit les mesures techniques, organisationnelles et humaines à mettre en place pour garantir la sécurité.
Procédures critiques : consignation (LOTO), permis de travail, espaces confinés
Dans les environnements industriels ou de maintenance, certaines opérations exigent une rigueur absolue :
- Consignation / déconsignation (LOTO) : sécuriser une machine avant toute intervention.
- Permis de travail : pour des activités sensibles (soudure, travail en hauteur, électricité).
- Espaces confinés : planification, ventilation, suivi atmosphérique, procédures d’urgence.
Le spécialiste sécurité élabore ces procédures critiques, forme les équipes et s’assure de leur application sur le terrain.
Formation sécurité des collaborateurs et exercices d’évacuation
Un volet essentiel de son rôle consiste à transmettre les bonnes pratiques :
- formations ciblées (travail en hauteur, chimie, ATEX, machines),
- sensibilisation à l’utilisation correcte des EPI,
- organisation d’exercices d’évacuation et simulations d’incidents.
Ces formations renforcent la culture sécurité et assurent que chaque collaborateur sait comment réagir face aux dangers.
Comment assurer une collaboration efficace entre experts et interne
Un MSST réussi ne repose pas seulement sur les compétences des spécialistes externes : il doit s’intégrer dans la vie de l’entreprise. La clé est une collaboration fluide entre le médecin du travail, le spécialiste sécurité, la direction, les RH et les collaborateurs.
Place du comité sécurité dans l’organisation
Le comité sécurité (ou commission SST) est l’espace où se croisent toutes les parties prenantes. Il doit réunir régulièrement :
- la direction ou son représentant,
- le responsable interne SST,
- les spécialistes externes (médecin, sécurité),
- les représentants du personnel.
Objectifs : suivre l’avancement des actions, partager les observations terrain, prendre des décisions rapides et documentées.
Rôle de la direction et des RH dans la coordination MSST
- Direction : donne l’impulsion stratégique, valide les ressources et s’assure que la prévention est intégrée dans les priorités de l’entreprise.
- RH : pilote le suivi administratif (registre des formations, visites médicales, suivi des absences) et sert de relais entre collaborateurs et experts.
Quand la direction et les RH sont impliquées, le MSST cesse d’être perçu comme une contrainte et devient un outil de management.
Collaboration médecin du travail et spécialiste sécurité : un binôme gagnant
Ces deux experts ont des missions complémentaires :
- le médecin du travail apporte la vision santé, ergonomie, RPS et expositions ;
- le spécialiste sécurité apporte l’expertise technique, procédures et formation.
En travaillant main dans la main, ils :
- enrichissent l’évaluation des dangers (santé + technique),
- coordonnent les plans d’action,
- évitent les doublons ou incohérences,
- garantissent une couverture complète des risques.
Leur collaboration assure que le MSST n’est pas un empilement de mesures isolées, mais une stratégie intégrée et cohérente.
Comment choisir ses experts MSST en Suisse
Le choix des spécialistes est une étape stratégique : un médecin du travail compétent et un spécialiste sécurité expérimenté font la différence entre un MSST théorique et un système réellement efficace. Voici les critères clés pour bien sélectionner vos partenaires.
Vérifier les certifications et reconnaissance CFST 6508
En Suisse, les experts doivent être reconnus selon la directive CFST 6508.
- Le médecin du travail doit être formé en santé au travail, habilité à assurer la surveillance médicale adaptée.
- Le spécialiste sécurité doit disposer d’une certification attestant de ses compétences techniques et organisationnelles.
Vérifiez toujours les titres et agréments : c’est une garantie de conformité en cas de contrôle Suva ou inspection cantonale.
Privilégier une expérience sectorielle adaptée
Un spécialiste n’a pas la même expertise selon son parcours.
- Dans la construction, il saura gérer les risques de hauteur, machines, poussières et circulation interne.
- Dans l’industrie, il sera familier avec la chimie, l’électricité, la consignation (LOTO) et les ATEX.
- Dans le tertiaire, il devra maîtriser les RPS, l’ergonomie et la gestion du stress.
Choisissez un expert qui connaît votre secteur et vos contraintes terrain.
Définir une mission claire : cahier des charges, livrables et suivi
Avant de signer, clarifiez le cahier des charges :
- Objectifs précis (audit initial, suivi régulier, formations).
- Livrables attendus (rapports, procédures, attestations).
- Fréquence des interventions (ponctuelle, annuelle, mensuelle).
- Mode de communication (réunions, comptes rendus, reporting).
Une mission bien cadrée évite les malentendus et permet de mesurer la valeur ajoutée de l’expert.
Externalisation vs ressources internes : quel modèle privilégier ?
- Externalisation totale : pratique pour les PME sans compétences internes. Avantage : expertise pointue, mise à jour des normes. Inconvénient : dépendance externe.
- Ressources internes formées : permet d’ancrer la culture sécurité au quotidien. Nécessite des formations spécifiques et un suivi régulier.
- Modèle hybride : souvent le plus efficace → un référent interne qui travaille en partenariat avec des experts externes.
L’important n’est pas le modèle choisi, mais que l’entreprise dispose toujours de compétences qualifiées et actualisées pour couvrir ses risques.
Conclusion : du “coût” perçu au levier de performance
Faire appel à un médecin du travail et à un spécialiste sécurité n’est pas une charge superflue : c’est le moyen le plus sûr de transformer le MSST en avantage opérationnel. Ensemble, ils réduisent les accidents, limitent l’absentéisme, sécurisent les audits et installent une culture de prévention qui se voit sur le terrain — pas seulement dans les documents.
À retenir :
- Le médecin du travail = santé, ergonomie, RPS, expositions.
- Le spécialiste sécurité = machines, chimie, incendie/ATEX, LOTO, procédures.
- Le binôme, soutenu par la direction et un référent interne, rend votre MSST efficace et prouvable.
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